Ce vendredi 31 mars marque la Journée internationale de la visibilité des personnes trans.

Comme chaque année, nous commémorons cette année le Trans Visibility Day 2023, mais cette fois-ci dans des circonstances particulières: alors que la loi pour l’égalité réelle et effective a été votée et que nous attendons que ses effets se déploient.

Dans ce contexte, la bataille qui a été menée dans les médias ces dernières années s’est concentrée presque exclusivement sur la criminalisation des femmes trans, considérée comme un enjeu féministe majeur. Cependant, d’autres réalités trans, telles que les personnes non-binaires et les hommes trans, ont été réduites au silence dans les débats.

La FELGTBI+ affirme que les personnes non-binaires font partie de la communauté trans qui, en raison d’intérêts politiques et malgré les recommandations de l’avis du CGPJ, n’ont pas été incluses dans la réglementation proposée par la loi. Une loi que nous défendons mais qui est incomplète. Et à partir d’aujourd’hui, nous nous engageons à lutter pour que cette réalité soit protégée et incluse dans la législation de l’Etat.

De même, la campagne de déshumanisation et de haine que nous avons vécue ces dernières années, comme je l’ai déjà dit, a concentré sa haine sur la réalité des femmes trans.

Aujourd’hui, nous voulons appeler à la visibilité des hommes et des garçons transgenres et de leur réalité, qui sont injustement invisibilisés ou ignorés, et dont le droit à l’existence n’est pas respecté. Que la masculinité trans est diverse et se construit sur la base de nouveaux paradigmes de masculinité d’origine féministe. Que le genre est bien plus complexe qu’une division en deux catégories et qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’être non binaire. Et chercher à justifier une identité non binaire par une apparence androgyne revient à perpétuer la croyance selon laquelle le corps et l’identité vont toujours de pair.

Les hommes trans ne sont pas des lesbiennes masculines butch, et tout comme les femmes trans, les hommes trans sont des hommes.

Des hommes avec leurs propres particularités et réalités qui doivent être respectées. Il est intolérable que les hommes trans soient attaqués, par les secteurs conservateurs, comme des fugitifs du genre qui leur a été assigné à la naissance. C’est à eux et à eux seuls de décider de leur vie, et les systèmes de santé des communautés autonomes doivent leur fournir des ressources spécifiques dans le domaine de la santé reproductive et de la santé émotionnelle.

Les propos de hauts fonctionnaires des communautés autonomes faisant référence aux suicides d’enfants trans à cause de la loi sur les trans et les LGTBI ne sont qu’un écran de fumée qui témoigne de l’indifférence et de la négligence de certaines administrations à l’égard de la santé des personnes trans, et des enfants trans en particulier.

Les personnes non binaires doivent également être reconnues et non niées. Leur identité est devenue une moquerie pour certains et une cible facile pour d’autres, mais nous devons nous rappeler que ce dont on ne parle pas n’existe pas. Il s’agit toujours de personnes ayant des besoins spécifiques, piégées dans des vides juridiques et rendues invisibles par leurs différences.

Tout comme nous devons respecter les pronoms des personnes binaires, nous devons également respecter les pronoms des personnes qui choisissent de parler d’elles-mêmes avec -e. Parce que de nombreuses personnes, au-delà des protocoles de santé, recherchent avant tout une reconnaissance explicite de leur identité, un langage dans lequel leurs propres noms et pronoms sont respectés.

Parce que ne pas utiliser un langage neutre avec ceux qui le demandent, prétendre qu’il est incorrect ou qu’il n’existe pas, c’est dire que leurs identités ne sont pas correctes et n’existent pas. Et nous ne devons pas perdre de vue qu’il existe des personnes non binaires, et des personnes binaires également, dont les besoins ne sont pas pris en compte par le système de santé, qui établit un protocole rigide marquant la transition de toutes ces personnes.

Nous dénonçons également l’absence d’engagements de la part des administrations, telles que la catalane, la valencienne et d’autres, pour réaliser des mastectomies sous contrat et mettre fin aux interminables listes d’attente, qui ne sont rien d’autre qu’un vidage du système de santé pour les personnes transgenres, perpétré sous la pression du lobby terf.

Enfin, nous nous réjouissons d’avoir participé au vote final et, finalement, la publication et l’entrée en vigueur de la loi 4/2023, du 28 février, pour l’égalité réelle et effective des personnes trans et pour la garantie des droits des personnes LGTBI, est une réalité. Que cette loi améliore des aspects essentiels pour les personnes trans, comme l’accès à la procréation assistée pour les personnes trans ayant la capacité de gestation, que les thérapies de conversion soient interdites et qu’elle mette enfin un terme à la pathologisation des identités trans, de sorte que non seulement nous puissions déterminer nous-mêmes notre identité, mais aussi qu’aucun traitement ou rapport ne puisse être exigé de nous.

Il ne fait aucun doute que les progrès réalisés dans le domaine des mineurs et le régime imposé par cette loi en termes de sanctions et de questions administratives constituent un pas en avant.

Aujourd’hui, le protagonisme que les femmes trans n’ont pas demandé est exigé par les hommes et les garçons trans et les personnes non binaires. Parce que leur visibilité démontre leur lutte pour être et exister.

A un 31 mars vindicatif!